Du By-Pass Numérique ou Du temps réel et de l'instant présent.
Notre expérience subjective et commune du réel est circonscrite dans les dimensions de l'espace et du temps. C'est ce qui nous permet de circonscrire les faits dans une construction conséquentialiste du monde, basée sur l'expérience immersive du sensoriel.
L'avènement des nouvelles technologies a rebattue l'organisation "naturelle" de l'esprit humain en apportant des vecteurs de perturbations par l'intermédiaire de l'attention.
Nous sommes passés d'un monde analogique où les cycles du jour et de la nuit régulaient nos cycles circadiens, où tous types d'expériences de vie étaient étayées dans le réel et où l'esprit n'avait d'autres alternatives que la pensée et l'action, à un monde hybride où coexistent l'ancien modèle analogique et le nouveau modèle numérique.
L'instant présent pourrait se définir comme étant le temps et l'espace de cognition dans lequel nous nous situons et dans lequel nous agissons. Il s'agirait alors de l'épisode contenant l'action non-représentée mais en tant que telle.
Le temps réel quant à lui est une substance synthétique, pure création technique de l'esprit humain sur une construction visant à répondre aux enjeux d'un système idéologique aux antipodes de l'être humain et son fonctionnement naturel.
Le "temps réel" n'a de réel que le nom, car il correspond à une certaine forme d' "immédiateté" de l'Homme face à l'exposition à l'information. Le domaine de l'UTC (Universal Time Coordinated / Temps universel coordonné) ou du GMT (Greenwich Mean Time / Temps moyen de Greenwitch) est celui du temps réel, son continent est virtuellement en superposition avec l'entièreté des portions de territoires et esprits assujettis à l'interaction "cyber".
Si le "septième continent" correspond au vortex de déchets du Pacifique nord, le "huitième continent" est inexorablement celui du temps réel. La différence entre les deux est que le premier représente les conséquences réelles de la folie humaine et de son zèle consumériste polluant en toute impunité dans une frénésie sans conséquences, le second quant à lui pollue tout au temps et tout autant dans un agrégat nébuleux de terres rares, de plastique, de métaux et autres, mais de celui-ci nous ne faisons cas, nous inventons des chimères tel que le "Green IT" pour tenter de réconcilier le réel matériel polluant, énergivore et l'usage sensé amoindrir au "moins pire" la nature du premier, pures illusion de l'esprit.
Le temps réel est le joug invisible auquel sont exposés volontairement ou involontairement nos esprits, le temps réel c'est cette présence constante d'un monde grouillant virtuellement d'une activité sans interruption.
L'instant présent et le temps réel sont fondamentalement de natures irréconciliables, c'est ce qui explique que l'on ne puisse à la fois être en temps réel et dans l'instant présent au même moment. Les deux sont successifs et la répartition phénoménologique de l'alternance entre les deux est variable en fonction de tout un chacun.
J'ai précédemment évoqué l'expression du "by-pass" numérique pour évoquer la question du temps réel mais sans entrer plus en avant dans la mécanique de fonctionnement dudit by-pass.
En premier lieu, il convient de donner une définition à ce concept afin de pouvoir ensuite le replacer dans un contexte d'analyse logique cohérent.
By-pass: (Le Robert) - Anglicisme - Technique : Canal de dérivation pratique sur le trajet d'un fluide. - Chirurgie : Pontage - > By-pass gastrique : opération qui consiste à modifier le circuit des aliments dans le tube digestif
By-pass: (Larousse) - De l'anglais "bypass", conduit de dérivation - Tuyauterie de dérivation sur le circuit principal d'un fluide, servant à éviter ou à isoler un appareil ou a régler son débit utile.
Si l'on considère l'attention et la conscience comme un flux, une continuité de stimuli et d'interactions entre notre réalité interne et notre réalité externe, considérons cette notion de by-pass servant de canal de dérivation de l'attention puis de la conscience. En quelle mesure peut-on déterminer l'implication et l'intrication entre ces deux notions précédemment abordées que sont le temps réel et l'instant présent ?
Il s'agit d'abord de dépassionner le débat, c'est-à-dire de prendre le sujet d'étude et de le détacher de nos usages et de notre imprégnation de lui, afin de le remettre en position de neutralité nécessaire pour tout examen de causalité rationnelle indépendant des états d'âmes et autres approches subjectives.
Il s'agit en somme d'être aptes à dire ce qui est, comment cela est, et d'émettre des hypothèses sur le ou les "Pourquoi" cela est.
Parlons donc plus en détail des caractéristiques propres de ces deux natures précédemment évoquées.
Comment pourrions-nous définir la notion d'instant présent ?
L'instant présent c'est la proportion de temps et d'espace que nos interfaces biologiques expérimentent en synchronicité avec notre attention et notre conscience. C'est ce que l'on pourrait communément appeler "expérience de vie réelle", l'espace et le moment où nous interagissons avec notre environnement à travers une mécanique naturelle mêlant stimuli sensoriels et actions volontaires ou involontaires de nos corps.
En outre il s'agirait de l'ensemble de notre Curriculum Vitae au sens propre de "chemin de vie", c'est-à-dire l'ensemble des épisodes de nos expériences de vie formant l'Histoire subjective de nos actions et inactions dans un monde analogique en mouvement constant.
L'instant présent c'est aussi le domaine de la réalisation, c'est-à-dire l'action de mise en réalité, là où vous, moi, lui, nous, exprimons notre pulsion de création ou de destruction, c'est à y voir une forme d'équation en constante évolution à travers les opérants de l'addition, de la division, de la multiplication ou de la soustraction.
Le temps réel quant à lui constitue un interfaçage à cet instant présent, une tentative d'encapsulation globale du monde et des esprits. Ce domaine tient son existence du pur conceptuel, il s'agit d'une norme et à cette fin, il répond à des enjeux de contrôle.
Il ne s'agit pas d'un élément tiré du monde analogique mais ayant velléité à en circonscrire les frontières à travers un agrégat, un interfaçage à la conscience humaine par le numérique. Il eut s'agit en premier lieu d'un choix à la connexion ou non, qui peu à peu s'est transformé en impératif à mesure que l'espèce humaine, émerveillée par l'avènement de nouveaux hochets de la stimulation attentionnelle, s'est alors plongée esprit et âme dans ce grand bain des esprits, laissant au passage sur le carreau tous les laissés pour comptes de l'ancien monde analogique.
Définir l'état de fait c'est une chose, discuter des mécaniques pratiques et des conséquences réelles c'en est une autre, mais vu que le chemin est à moitié parcouru, continuons notre mise en abime et posons-nous la question du fonctionnement des idées, de l'attention, de l'éveil.
Mon postulat est simple. Lorsque l'on expose notre conscience aux écrans du numérique, ceux-ci captent notre attention, ils créent un canal de dérivation entre la connexion de notre conscience à notre environnement (lieu[espace], moment[temps], compagnie, contexte).
Le cerveau est avide d'un flux d'information constant, de multiples sources de stimuli et les applications savent s'y appliquer. Les données transitent, le cerveau reçoit énormément d'informations qui transitent de façon épisodiques et déstructurées (à l'image des mails, des "shorts" ou "réels" des applications, des Tik-Tok ou des vidéos Youtube), dans la plupart des cas on comblera le vide avec des plateformes de vidéos à la demande du type Netflix, Amazon Prime, Disney + ou autres, ou bien on comblera le stimulus auditif avec une musique sur Spotify, Google Music, Apple Music, bref, du matin au soir il faut créer un flux d'occupation de l'esprit à travers une constellation de terminaux connectés au grand réseau.
Il s'agit alors d'être le chef d'orchestre, qui doit jongler entre les données susceptibles d'impacter sur son moral, décider de s'exposer ou non à des vidéos, des musiques, des articles de journaux en ligne, accepter de recevoir des appels téléphoniques ou d'en émettre, pareil pour les visios, pareil pour toute plateforme en ligne.
Il ne s'agit plus réellement d'un choix, la nécessité va croissante, l'impératif à la connexion est d'un intérêt stratégique majeure à qui souhaite influencer les esprits perdus, un pied dans la dure réalité allant décatissante au gré du temps qui passe, et un pied dans le virtuel par son attention et sa conscience. Le réel pour le malheureux, pour la dureté de la vie, pour la nécessité du travail, mais le virtuel pour l'aspect social, pour la visibilité individuelle, pour la construction basée sur l'opinion de nos idées propres que l'on estime de fait comme étant la meilleure depuis que l'on a cessé de se parler entre humains.
Grand joie étant d'ailleurs faite à l'arrivée de ce by-pass numérique, car il est vecteur de cette mécanique d'évitement à la confrontation réelle par l'intermédiaire des interfaces WhatsApp, Messenger, Snapchat, Instagram et comparses, voici bien un autre drame s'il en est aussi vis-à-vis du contact social et de la cohésion sociétale au sein des peuples...
Pour être revenus plusieurs fois sur la notion de "Virtuel" au cours de mes 2 essais, qui, rappelons-le, désigne non pas une confrontation au "Réel", mais à l' "Actuel", cela prend tout son sens si l'on analyse l'évolution des usages que nous avons de nos gadgets numériques, et l'on peut comprendre la mécanique d'évolution logique à travers laquelle nous sommes passés de l'usage d'un outil à l'implémentation, la greffe symbolique de ce by-pass numérique.
Car en effet, au gré de l'avancement de nos usages, où l'objet numérique a été déversé dans l'économie de notre système des objets par afflux toujours plus constants au gré des évolutions technologiques, une thématique primordiale a été mise sous le tapis sans que l'on s'en soucis avant une époque très contemporaine, celle des modalités de fonctionnement de ces outils et de la "bonne" conduite à tenir lorsque nous nous en servons.
Pour la plupart des humains de l'ancien monde (ceux ayant connue la société sans le réseau global), il n'y a pas eu d'actualisation de la connaissance de ces curieux intermédiaires numériques. Tout au plus il s'agit d'un gadget auquel on a transmis nos usages des anciens périphériques de première génération (passer des appels, envoyer des messages), éventuellement on aura appris les rudiments pour installer une application, mais la limite s'arrête là. L'actualisation de la connaissance et des usages ne s'est pas faite en même temps que l'avènement des nouvelles applications qui sont venues se greffer dans ces compagnons de poche, et là réside notre erreur fondamentale.
Émerveillés par le brillant de l'écran et des contenus toujours plus distrayants à mesure que le temps avança, nous avons accueilli avec bienveillance ces outils qui nous permettaient de nous "vider la tête", de nous "changer les idées" et effectivement, ils nous ont vidé la tête et changé les idées. Ces deux concepts ont pris une signification tout à fait dramatiques quand l'on constate avec quel manque de vigilance nous nous sommes fait duper.
Passant progressivement de générations en générations d'individus à l'esprit formé d'un sens rationnel, de "têtes bien faites" par un système relativement fonctionnel, nous nous sommes au quotidien exposés à des heures et des heures de don d'attention à ces interfaces qui ont su captiver par le plus simple artifice, les anciennes failles représentationnelles qui étaient déjà diagnostiquées par les plus anciens philosophes des civilisations passées.
Mais là ne réside pas tant notre erreur fondamentale, quoique si l'on a à cœur l'amour de ses contemporains on ne saurait rester de marbre face à cette tragédie, l'erreur fondamentale réside dans le fait d'oublier la façon d'utiliser nos esprits comme des êtres humains rationalisants.
L'idée, la pensée, la réflexion, toutes ces choses qui appartiennent au domaine du non-matériel, mais qui prennent une place proéminente dans la notion d'existence humaine ont été dévoyées et renvoyées au plus profond des thématiques existentielles, remplacées au pied levé par ces by-pass qui savent nous donner à penser "bien", à penser "mieux", à penser "normal"...
Qu'il s'agisse de nous qui avons connu les dernières heures du monde analogique, il s'agit d'une chose, mais la plus profonde faille qui a contribué à faire éclater les anciens schémas de représentations sociales a été instaurée dès lors que nous avons mis à disposition de nos bambins en bas âges ces by-pass numériques.
Car en toute logique, n'ayant acquis aucuns savoirs et aucuns garde-fous vis-à-vis de ces gadgets lumineux, nous n'avons appliqués aucune barrière entre les jeunes esprits et le déversement infini de contenus d' "entertainment" qu'ils avaient à leur donner, et donc logiquement nos propres mécaniques d'addiction à la donnée ont correspondu à un vecteur formateur dans leurs consciences.
Et c'est là aussi où réside une mésentente profonde dans les concepts entre les anciens et les nouveaux, par mécompréhension fondamentale de l'implication de ces artifices numériques dans la formation de la conscience des seconds ne serait-ce que sur l'aspect de l'apprentissage.
Si l'on recense aujourd'hui de plus en plus de cas de TDAH (Trouble De l'Attention avec ou sans Hyperactivité), de cas de Dys[quelque chose], que les statistiques d'analphabétisme grimpent en flèche là où il serait attendu une formation minimale de la langue, cela n'est pas du à l'effet du hasard, cela répond au contraire à l'introduction d'un matériel exogène et délétère pour tout esprit non formé à l'usage de celui-ci, non formé tout court.
C'est dans cette brèche que s'est insérée une nouvelle forme de croyance alors encore inédite à une échelle similaire. La croyance littérale dans la "conscience collective" qu'est Internet. Tentez de convaincre vos petites têtes blondes du contraire et vous pourrez constater à quel point l'ère de la post-vérité est arrivée, une ère où l'importance de la connaissance individuelle d'un esprit formé à l'ancienne par l'étude, la construction des sens, des signification et des symboliques sémantiques a été mise à néant au profit de la croyance en l'information diffusée par le grand réseau.
Pis, il s'agit même de la meilleur excuse du monde, et l'on ne pourra les en blâmer car ils ont dans le fond raison, pour ne pas avoir à fournir l'effort cognitif d'acquérir un savoir théorique dont ils estiment ne pas avoir besoin car tout est au final trouvable sur internet.
Il ne s'agit pas là une fois encore de chercher des coupables et de les en blâmer, pas davantage qui ne faudrait considérer que ces générations sont perdues ou "victimes", il s'agit d'effectuer un diagnostic clair des différences entre les uns et les autres séparés par le temps et par les interfaces afin d'essayer de retrouver des logos [véhicules de l'idée] communs.
Et là réside le plus grand enjeu civilisationnel que nous rencontrons si l'on souhaite conserver la notion de collectif, car la dissipation de l'ego engendrée par ces plate-formes qui focalisent l'attention sur l'externe en lieu et place du temps naturellement consacré à l'introspection et à la connaissance de soi constitue le problème majeur d'une société où très peu savent dorénavant avec exactitude qui ils sont, ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent et pourquoi ils le veulent.
Fortes de cette nouvelle modalité d'intrusion dans l'intime mental de tout un chacun via un mécanisme volontaire, toutes les officines idéologiques qu'elles soient politiques ou religieuses s'en sont données à cœur joie pour infester et remplir les esprits peu sachants afin de les formater selon des logiciels de croyances partisanes qui servent dorénavant les représentations du monde telles que nous les connaissons.
Ainsi nous sommes arrivés à cette mécanique délétère des Zélotes - Boucs-émissaires que je mentionnais en fin d'iCce Homo, cette double mécanique schizophrène où un individu se positionne idéologiquement comme détenteur de la Vérité de façon fanatique (zélote) et où l'autre constitue nécessairement l'ennemi responsable des maux de la société (bouc-émissaire), où la logique sera bien sûr de mise afin d'assurer qu'en aucun car il ne puisse exister une quelconque forme de cohésion au sein des troupeaux divisés, se dirigeant pourtant tous bien docilement sur le chemin de l'abattoir.
Je ne démords pas d'une idée, et j'ai pu rencontrer de vives résistances à celle-ci lorsque je l'émettais, celle que dorénavant peu d'entre nous, à commencer par la jeunesse, sont politisés.
Généralement quand j'émets cette idée, l'origine de la méprise se situe dans le décalage sémantique que mes interlocuteurs et moi-même avons du concept de politisation. Pour la plupart, la politisation consiste à faire partie d'un parti politique, à participer à des manifestations, à publier sur des réseaux sociaux au profit de mouvances politiques.
Pour moi il s'agit avant tout de réfléchir politique, c'est à dire comprendre les mécaniques du système qui nous tient actuellement tous en laisse, sans entrer dans le pathos des sujets clivants tels qu'ils nous sont proposés à coup d'éléments de langage par les représentants des mouvements politiques, mais simplement de savoir se situer en tant que citoyen dans un ensemble politique complexe.
Là réside la subtilité entre ce que j'appelle de l'idéologisation / endoctrinement (soumission volontaire ou non à une doctrine) à coups d'éléments de langage et de véhicules de l'esprit clivants et / ou stigmatisants, et la politisation qui consiste à développer ses propres idées indépendamment de la volonté d'adhésion à un préexistant de représentation politique.
La gouvernance politique des partis fut d'ailleurs l'une des raison pour laquelle en France, la Vème République fut instaurée en lieu et place de la IVème car elle était infectée, cela étant ils furent virés par la grande porte, mais revinrent par la fenêtre des toilettes et trônent désormais dans les palais du peuple afin de nous offrir le spectacle répugnant donc nous pouvons constater l'inefficacité pratique dans notre réel collectif.
Le by-pass est aussi celui qui a contribué à instaurer dans l'esprit de tout un tas de personnes totalement désintéressés du domaine du religieux des velléités de représentations radicales de celui-ci, c'est ainsi que se sont nourris les médias de toutes ces polémiques autour de certains vêtements, en lieu et place de parler des mesures politiques que faisaient passer les gouvernements au détriment des peuples.
Mais revenons un instant sur le fondement mécanique de ces zélotes - boucs-émissaires, car il est intéressant de se demander pourquoi est ce qui est.
J'ai mis en évidence au sein d'iCce Homo la mécanique de l'esprit nécessaire au traitement d'une idée, à la mécanique de transformation de celle-ci, passant d'une donnée parcellaire et statique à un ensemble sémantique homogène et dynamique, pour comprendre comment on fabrique un zélote, il faut voir le fondement inverse à ce processus.
De la même façon qu'un muscle non sollicité n'offre aucune endurance et tombe peu à peu en état d'atrophie, l'esprit subit les mêmes mécaniques naturelles.
En d'autres termes, si l'esprit n'a jamais été mis en contexte d'exercice au traitement de l'idée, à la confrontation des paradoxes et à l'élaboration d'un spectre sémantique cohérent, il entrera dans une mécanique d'incorporation passive des "vérités" qui lui sembleront les moins paradoxales et lui permettra de se dresser une histoire indépendamment des erreurs logiques des éléments qui la composent.
Prenons un exemple que la plupart des enfants occidentaux que nous avons été ont pu expérimenter, assez emblématique de ce que je tends à démontrer, le cas du "Papa Noël".
Par l'assertion d'une vérité mensongère (d'une croyance) dans l'esprit des enfants, les individus adultes vendent à leurs enfants l'existence d'un bonhomme qui vivrait en Laponie ou au Pôle Nord et qui viendrait tous les 25 décembre leur apporter des cadeaux en contrepartie d'un comportement acceptable le reste de l'année.
Arrivés à une certaine étape, à mesure que l'âge et la maturité d'esprit avancent, l'enfant est sensé être de moins en moins dupe, plus observateur et simplement logique vis-à-vis du fait qu'un individu humain ne puisse parcourir l'ensemble du globe en une nuit. Sans parler du fait de l'existence d'une panoplie de Papas Noël différents auxquels ils sont exposés dès les débuts du mois de décembre et n'ayant jamais la même apparence à base de déguisement synthétique.
On pourrait légitimer l'existence de ce mensonge comme étant l'héritage des vieilles traditions qui ont évoluées jusqu'en l'état actuel du simulacre, mais dans tous les cas ils s'agit avant tout d'une croyance héritée d'autres croyances.
Mais si cela n'était que cela, il ne s'agirait que d'un mensonge mineur, sans réel potentiel de nuisance sur l'expérience du réel que tout un chacun peut expérimenter.
Si l'on applique le même genre de logique à toutes les autres thématiques qui constituent la vie sociale de l'individu contemporain, on peut émettre d'autres typologies d'analyses bien plus inquiétantes concernant les tenants et aboutissants du réel.
Le zélote est zélote car il croit fanatiquement non pas à ses idées, mais à un corpus idéologique totalement exogène de son propre système de pensée. C'est à dire que non content de s'abstenir de la réflexion, il incorpore et fait siennes les idées qui lui sont données.
Cela a pour effet l'impossibilité radicale de la contradiction, car de son point de vue, si l'on attaque "ses" idées, on l'attaque lui en tant que personne, et c'est là où le bat blesse, car cela crée les conditions propices à la mise en place de ce que les politiques et les médias appellent la "radicalité".
On peut apprécier deux typologies de pensées radicales, l'une étant le fruit d'un ensemble de certitudes basées sur des réflexions "à l'ancienne", l'autre étant le fruit d'une germination mentale à base de terreau idéologique. Cela étant, la seconde est celle qui aujourd'hui a pignon sur rue, précisément car le by-pass lui en a donné les moyens de diffusion à échelle mondiale par la propagation des divers packages idéologiques diffusés par les différentes officines politiques ou religieuses à travers les différents médias à la disposition de l'esprit addict.
Fondamentalement, l'implémentation dans les chaumières des terminaux d'émission / réception du grand réseau constitue la plus grande prouesse machiavélique pour asservir les esprits, construire des distinctions factices et entretenir de l'altérité chez des gens qui auparavant savaient faire front commun sur des thématiques existentielles élémentaires.
La société de consommation a crée un monde de consommateurs ségrégués par parts de marchés liées à leurs catégories "socio-professionnelles", socialement différenciés par les gadgets qu'ils pouvaient s'acheter, Internet et ses réseaux ont entérinée la séparation auparavant physique en y ajoutant celle liée au mentale.
Alors voilà, à présent que ce by-pass est présenté dans sa superbe, quelles leçons pouvons-nous en tirer ? Quels-sont les éléments qui permettent d'aspirer à un avenir plus radieux pour nos devenirs ?
Je ne me vendrai pas comme étant le détenteur de toutes les solutions génériques à cela, s'il fallait faire dans l'exception des particularités des uns et des autres, le problème serait insoluble, cependant je pense (en toute modestie) avoir une ligne directrice permettant de garder l'esprit axé sur l'essentiel.
En premier lieu, limiter un maximum la zone d'exposition située entre nos esprits et ces propagateurs d'idées néfastes. C'est-à-dire que toute activité liée à un terminal connecté à Internet, n'entrant pas dans le domaine de l'impératif professionnel, culturel ou administratif doit disparaître de notre représentation du temps mental.
En second lieu, privilégier le retour au réel par tous les moyens à notre disposition. Il n'y a qu'en cassant la barrière invisible positionnée par la construction idéologique individuelle véhiculée par les médias numériques que l'on pourra à nouveau se rendre compte des choses de la vie qui nous rassemblent davantage que des points qui nous divisent comme c'est le cas actuellement.
En troisième lieu, se séparer de la peur. Si l'autre prend une équivalence systématique avec la crainte que l'on nous nuise, on ne peut pas établir de relation de confiance qui amènent à échanger à nouveau des idées et à s'ouvrir à la diversité d'opinions.
En quatrième lieu, prendre de la distance avec nos idées. Certes nos idées peuvent nous représenter, mais nous n'en sommes jamais les propriétaires, nous n'en sommes que les véhicules. Une idée n'a de légitimité à exister que si elle est vectrice d'un changement vers le haut et pour tous, si elle ne vise qu'à créer davantage de malheur et de division, elle ne fera que continuer à creuser la tranchée déjà bien amorcée dans les esprits et dans les peuples.
En cinquième lieu, se rappeler que "Je" n'est pas si différent de "Tu" et de "Nous". Les enjeux du monde dans lequel nous vivons et à l'époque où nous vivons nous éloignent parfois de cette réalité élémentaire qui est celle que nous sommes tous, sans exception, animés des mêmes besoins humains vitaux : Besoins Physiologiques, Besoins de Sécurité, Besoins d'Appartenance, Besoins d'Estime, Besoins d'Accomplissement. (Pour plus de détails, je vous invite à vous rapprocher des travaux d'Abraham Maslow sur le sujet)
En sixième et dernier lieu, se rappeler de notre propre pouvoir d'action dans le réel. On l'oublie, si tant est que l'on en ait eu conscience un jour, car l'on naît généralement dans un système social humain qui nous précède et dont l'on a pas voix au chapitre pour ce qui est de ses conditions, mais en tant qu'être humains, nous disposons d'un immense pouvoir d'action dans le réel collectif. C'est par cela que l'on métamorphose le visage du monde, que l'on transmute la moelle des civilisations, et c'est en gardant cette idée asphyxiée sous des tonnes d'informations que cela nous pousse à l'inaction et donc au triste constat du spectateur d'un monde qui se matérialise sans lui.
Si l'on pousse ces six points en exergue et que l'on ramène le rapport du nombre d'individus que nous sommes à l'échelle du pays ou du monde, la perspective d'un changement vers le "Bien" pour tous n'est pas un horizon inatteignable, le seul vecteur est la désescalade des égos et la remontée de la volonté d'union. Non pas afin que les ambitions des uns de je ne sais quel sous-groupe de la société puisse se matérialiser, mais que les conditions d'existence pour tous puissent aller vers le haut et que nous puissions faire front commun pour les enjeux qui se présenteront à nous dans un avenir incertain.
Mais il convient en premier lieu d'extraire le venin injecté dans nos esprits par ces by-pass numériques et revenir à l'échelle de l'ici et du maintenant pour envisager tous ces changements.
C'est tout pour moi, Prenez soin de vous, Avec tout mon amour.
S.A.M