A la sortie d'une élection européenne qui nous a proposé une fois encore le spectacle d'oppositions factices marquées par des éléments de langages vides et d'une farandole de micro-partis au nombre de 38, tentant d'aspirer les votes des électeurs pour des sujets politiquement invraisemblables ou encore des thématiques si spécialisées qu'elles ne peuvent de fait créer aucune autre forme d'existence politique que la revendication, il m'apparaissait nécessaire de revenir sur les derniers éléments en date compte tenu des élections législatives anticipées déclenchées par notre monarque républicain frappé par le désaveu de son parti unique.
La Politique de l'Ennemi
Afin de simplifier au plus possible le schéma, je vous propose une petite analyse du faux-débat auquel nous sommes invités.
Notre monarque, chef de la République Démocratique Française, a semé un souffle de chaos médiatico-politique à la suite du désaveu (anticipé) du scrutin Européen envers son parti et sa candidate en plastique recyclé. Selon son propre aveu, il anticipait des semaines auparavant de dissoudre l'assemblée nationale en jetant une "grenade dégoupillée dans les jambes" des politicards.
Le temps médiatique des Européennes étant passé, nous enchaînons donc sur le temps médiatique des Législatives anticipées en un temps record (quelques semaines pour organiser un scrutin).
Nous avons donc le retour des politiciens de carrière, à travers des écrans de natures diverses, qui nous exposent à des mots et des vues de l'esprit visant à s'approprier le sens unique de la clairvoyance sur la politique à mener à court-terme en France. Les uns et les autres dans une mécanique de zélotes (croyants fanatiques) - boucs-émissaires (entité symbolique responsable de tous les maux de la tribu), les uns des autres se jetant en pâture la "responsabilité" hypothétique de l'état actuel de la France, dans le but de recueillir les pourcentages nécessaires du scrutin populaire afin de leur garantir la continuité de leur standing de vie payé par nos impôts.
Après le scandaleux mensonge représentatif de la NUPES lors des législatives de 2022 dont on a pu observer les résultats effectifs lors de la vingtaine de 49-3 que l'on a pu observer passer en toute tranquillité par un pouvoir du parti unique, en toute impuissance devant cette aberration démocratique, où nos représentants députés n'ont jamais pu se mettre d'accord afin de renverser les gouvernements par motion de censure. Après le spectacle de tous les partis de gauche se jetant des éléments de langage de division lors des Européennes pendant des mois, justifiant de la légitimité électorale à ne pas s'unir pour défendre des projets communs, car leurs visions politiques étaient inconciliables. Nous avons le retour des Avengers de Gauche qui tentent de rejouer le même film de série Z du retour à l'unité à travers une "nouvelle" alliance du doux nom aux relents vieux d'un siècle de "Front Populaire". On peut voir Jérôme Cahuzac (connu pour sa condamnation pour des histoires d'argent et de comptes bancaires à l'étranger), François Hollande à qui on doit l'avènement du monarque actuel, et tous les vieux briscards de la politique directement responsables de l'état actuel de la France qui reviennent en fanfare en tentant de se faire passer pour des sauveurs potentiels.
Face à eux, le Rassemblement National qui fanfaronne de sa trentaine de pourcents de suffrages exprimés aux européennes après un matraquage de sondages des mois durant visant à former dans les esprits cet état de fait inévitable, qui après un long processus de polissage et de gommage des aspérités eurosceptiques, se présente avec une image de respectabilité républicaine, nous offre le spectacle d'une alternative viable face à la Macronie. Ils souhaitent apparaître comme une opposition acceptable à la politique de Renaissance (anciennement La République en Marche - LREM, le parti présidentiel), soutenus par une partie du parti des Républicains (anciennement l'UMP, anciennement le RPR) tombant en décrépitude avec la certitude de ne pas renouveler son nombre de sièges lors de ces législatives anticipées.
Et le parti présidentiel qui vise à tenter de revendre l'absence de programme et de vision de son président, réélu en 2022 à la sauce guerre en Ukraine sans remettre en question son premier mandat par les électeurs effrayés, et dont les législatives ont apporté le désaveu sur sa politique des Playmobils du premier mandat. On nous rejoue 2022 et les espoirs du peuple sont toujours galvanisés autour des mêmes pôles. Soit la crainte du chaos qui va replier sur la certitude illusoire du connu (le parti présidentiel en place), soit l'espoir du changement par un "extrême" radical (que représentent le "Front Populaire" et le RN).
Une fois encore, un scénario est proposé au spectateur par le haut de la pyramide sociale, avec des castings, des histoires, des "story-tellings" et il devra se déplacer à l'occasion de deux dimanches pour mettre un papier dans une boîte afin déléguer son pouvoir démocratique à l'une des vedettes qui lui seront proposées par l'écran magique ou le papier de propagande vide de toute idée constructive et réaliste, avec l'espoir d'un changement . Ainsi, le croyant-spectateur ira remplir ses obligations envers la secte républicaine et s'estimera heureux de "ne pas donner sa voix à un autre", de "ne pas laisser les extrêmes monter", de "changer les choses". Puis il s'en retournera à sa misère quotidienne en continuant à suivre la mauvaise copie de "House of Cards" que nous offrent les séances de l'Assemblée nationale ou du Sénat, sans parler des frasques et autres phrases insultantes à l'égard du peuple dont nos politiques et nos "élites" sont friands, relayés par les outils médiatiques.
Mais franchement, qu'est-ce que ça changera ?
J'entends avec sincérité les craintes d'une partie de la population vis-à-vis de ce que pourrait être leur réalité en cas de changement de tête au sein des institutions du pouvoir de notre système, notamment par les "extrêmes". À l'origine de ces craintes est directement liée à la manière dont fonctionne notre système politique. Ce vieux système désuet qui s'est construit à travers 5 successions de versions ne répond plus aux attentes d'un peuple qui a dorénavant conscience (voire même "hyperconscience" avec l'avènement de la surmédiatisation) de sa position d'impuissance face à un monde qui s'impose à lui.
J'ai remarqué avec amusement et lassitude la récurrence d'une mécanique défensive lorsque l'on aborde la question d'un changement de système ou de régime, celle-ci pourrait se résumer dans le fait de demander au contestataire de trouver un système alternatif en opposition au système actuel, comme si l'entièreté de l'organisation du groupe, du clan, de la nation devait reposer sur la seule portée intellectuelle d'un seul individu. Là réside tout le paradoxe de notre sens du politique, nous sommes fondamentalement indignés par des éléments réels de dysfonctionnement de la politique dans nos conditions de vies réelles, mais nous sommes en attente d'un même élément de réponse que celui de l'origine de nos maux.
Nous avons été baignés dans l'imaginaire collectif des personnages emblématiques porteurs de valeurs, de citations marquantes, d'images mémorables, d'où provient notre fantasme de "l'Homme providentiel", l'illusion d'un tout cuit politique imbibé d'un intérêt fondamental pour une cause hors de lui-même pour le collectif. Ceci est fondamentalement puéril, c'est la réminiscence profondément ancrée d'un syndrome du Papa Noël offert à des votants-croyants idéologisés qui se voient pourfendeurs des méchants nazis ou défenseurs de l'ordre républicain.
Dans tous les cas, nous n'exerçons aucun pouvoir effectif sur le destin de notre nation, et dans tous les cas, avec les modalités actuelles du système politique fonctionnant sur une dynamique de "luttes contre" davantage que de "constructions pour", nous ne pourrons jamais faire autre chose que brasser du vent et nous satisfaire de notre prestation de service délétère et illusoire du pouvoir.
La politique, ce n'est pas le territoire circonscrit et unique de ces gens qui vous promettent tout et n'importe quoi à travers des écrans à coup de com' et d'éléments de langage, la politique, c'est vous et vos amis, connaissances, collègues, qui échangez, qui vous posez des questions, qui réfléchissez à ce que pourrait être un autrement de l'actuel. La politique, ce n'est pas se jeter des accusations de principe à coup d'éléments historiques passés pour créer la polémique et ne pas se préoccuper des éléments actuels et à venir. La politique, c'est non-seulement la préoccupation réelle du présent, mais aussi la préoccupation de la vision du temps long afin de construire un meilleur pour ce qui adviendra après nous.
Nous sommes dépositaires de la responsabilité politique de transmettre les valeurs positives en tant que peuple, à travers nos comportements quotidiens, à travers nos interactions avec les autres, à travers l'ouverture à la contradiction, à travers l'avènement de nouvelles idées, à travers l'expression du génie d'un peuple capable de grandes choses à différentes échelles.
Ce qui me donne à la fois la plus grande peine, mais aussi la plus grande joie, c'est de me dire que fondamentalement nous sommes tous, chacun, à notre échelle, un maillon de cette grande chaîne, un rouage, une mécanique de cette grande machine que l'on appelle "système". Il est dans notre capacité, dans notre pouvoir de pensée et d'action de réfléchir et d'agir à la matérialisation d'un "autre" radicalement différent.
Nous avons tous peur d'une mise en abîme face à l'autre, à l'inconnu, par crainte du jugement ou de l'image que l'on pourrait avoir face à lui, mais si l'on part du principe que l'on a tous les mêmes appréhensions, on laisse le terrain libre uniquement à ces pantins qui sont formés par classe depuis l'enfance à nous déblatérer des éléments de langage qui permettent de maintenir les croyances infondés et injustes de ce système qui ne répond pas aux exigences minimales de tout un chacun en terme de dignité humaine, en terme de sécurité alimentaire ou de logement, en terme de vivre ensemble avec la collectivité.
Tant que le peuple acceptera de rester apeuré derrière les jeux d'ombres que l'on agitera devant lui et qu'il n'acceptera pas de faire "acte de foi" en transformant la négativité réfractaire en positivité fraternelle et solidaire, le peuple ne pourra s'en prendre qu'à lui-même et devrait avoir honte d'en contester le système établi.
La voie du désaveu
La seule option possible pour n'importe quel humaniste ou démocrate lors de ces élections, comme à toutes les autres de la même engeance, est celle du désaveu.
Que vous votiez pour le FP, pour le RN ou Renaissance, le cadre d'exercice du pouvoir est et restera le même. Une politique menée non pas par des bases morales ayant l'intérêt du peuple, mais par des bases économiques permettant de rationaliser auprès de l'opinion publique des inactions politiques à base de pourcentages et autres statistiques. Quoi que puisse engendrer un parlement avec une majorité RN ou FP, ou bien un gouvernement de quelconques étiquettes politiques, cela pourra être cassé par n'importe quelle hyperstructure qui lui sera légalement supérieure (Conseil constitutionnel, conseil d'Etat, instances supranationales européennes…), assez logiquement donc, les mêmes causes engendreront les mêmes conséquences.
Pour ceux des derniers croyants convaincus du système qui, malgré tout, se déplaceront à l'isoloir pour voter blanc, l'absence de reconnaissance ou d'impact effectif sur les élections est inopérant d'un point de vue démocratique, car les blancs et les nuls sont d'ailleurs comptabilisés au sein des mêmes statistiques.
La seule forme d'expression du défi envers cette politique reste donc et demeurera jusqu'à changement de système, l'abstention. C'est la forme la plus radicale et massive de désaveu porté envers le système politique et ses instances de représentations institutionnelles ou humaines.
L'abstention reste préférable au "voter contre" puisque l'on ne peut dorénavant "voter pour" de manière réaliste. Il s'agit donc, dans un langage commercial, d'un boycott de la marque Vème République et de ses nombreux produits frelatés et compromis.
On pourra argumenter autant que possible que ne pas voter c'est laisser le choix à un autre, dans tous les cas, cela fait des dizaines d'années que le peuple va docilement voter aux élections et qu'en aucun cas la nature de la vie individuelle et collective n'évolue vers des visions positives. Alors, à présent, la seule alternative viable pourra seulement advenir de chacun d'entre nous, à mesure du travail individuel que nous ferons pour réfléchir, outre les instruments du prêt-à-penser que nous servent les médias à la solde de ce système dévoyé.
Car c'est tout l'intérêt des médias, d'autant plus contestataires, que d'avoir ce système sur lequel se baser afin de faire du chiffre, générer de l'audimat, surfer sur la polémique pour ne surtout pas laisser la conscience et l'attention des spectateurs reprendre le pas sur leur réel individuel et collectif du quotidien observable.
L'action, la positivité, le contact, l'expression, la compréhension de soi-même et de l'autre, l'acceptation de ne pas savoir, la volonté de construction, ce sont des valeurs perpétuées depuis des millénaires à travers d'innombrables philosophies de vies ou cultes qui furent à la base du vivre-ensemble. Observons à quel point nous avons laissé à une minorité de nos semblables le pouvoir de nuisance sur la majorité que nous sommes. Si nous savions trouver en nous le courage de la "paix" avec l'autre, nous serions déjà sur le sentier de lendemains meilleurs. Non pas pour gommer les différences d'opinions ou de visions du monde et de l'existence, mais en gommant de nos représentations les éléments factices de division nous empêchant d'assurer à tout un chacun les garanties de pouvoir se développer et vivre dans des conditions minimales en terme de bien-être.
Pour rappel, les besoins humains sont les suivants :
- Besoin physiologique (faim, soif, survie, sexualité, repos, habitat)
- Besoin de sécurité (se sentir en sécurité, faire confiance)
- Besoin d'appartenance (être aimé, écouté, compris, estime des autres, faire partie d'un groupe, avoir un statut)
- Besoin d'estime (sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur, conserver son identité)
- Besoin d'accomplissement (développer ses connaissances, ses valeurs)
Je vous invite à méditer sur ces besoins qui nous sont universels, indifféremment de ce que l'on croit être nos allégeances politiques. Ils apparaissent de manière hiérarchique, des plus élémentaires aux plus abstraits.
J'estime que tout politicien qui ne fait pas de l'accomplissement de ces besoins une exigence politique, avant même quelque autre thématique politique que je qualifierais de niveau secondaire ou tertiaire, tout politicien autre que celui-ci ne mérite que le désaveu des citoyens éclairés, car il ne vise pas à apporter de solutions aux besoins universels, mais vise seulement à agiter des problèmes pour obtenir un retour égoïste sur investissement médiatique.
Mais même dans cette éventualité, le plus triste à reconnaître, c'est que les mécaniques du système contraindraient cette personne à ne pas pouvoir mettre en application ces mesures d'équilibre, car elles contreviendraient directement avec nos schèmes de constructions politiques hérités des anciennes civilisations sociologiquement pyramidales. Un tel homme ne pourrait agir que dans une nouvelle forme de système et en aucun cas en solitaire, mais à travers l'ensemble du corps de la collectivité du peuple, et cette vision n'est pas irréelle ou impossible, seulement non mise en réalité pour le moment.
Pour ce que cela vaudra, quel que soit votre avis, faites le avec une conviction sincère et une intentionnalité rationnelle.
Pour finir, si vous en voulez à lire et à méditer avant de vous rendre aux urnes, voici insigne lecture que je ne saurais que trop vous recommander de lire pour comprendre que la raison de nos malheurs d'hier est la raison de nos malheurs d'aujourd'hui et sera la raison des malheurs de demain si nous ne savons pas reprendre le dessus et devenir des émetteurs à positivité au lieu de sans cesse nous échanger la négativité que ce système met dans nos consciences pour y semer les germes de la division.
Par cette résistante des années 40, grande dame de la philosophie Française et de l'humanisme Mme Simone Weil (et non pas Veil ;) ) : Note sur la suppression générale des partis politiques
C'est tout pour moi, soyez forts et croyez en des lendemains meilleurs.
Avec tout mon amour…